08. RADAR : un outil pour faire le point
Ep. 08

08. RADAR : un outil pour faire le point

Episode description

Communiquer, c’est compliqué ! Parfois il est difficile de simplement trouver le bon moment pour le faire : on procrastine, on oublie, on attend un meilleur moment. Pour déjouer ces pièges, on vous propose la pratique du R.A.D.A.R. !

Le R.A.D.A.R., c’est une méthode de discussion, créée par Multiamory, qui s’appuie sur 5 étapes :

  • Rembobiner ;
  • Adopter un programme de discussion ;
  • Discuter ;
  • Agir ;
  • Reconnecter.

En programmant régulièrement des points RADAR, vous pourrez discuter avec vos partenaires et probablement désamorcer les incompréhensions avant qu’elles vous impactent trop négativement.

On partage également quelques conseils pour communiquer avec vos partenaires en toute sérénité :

  • la triforce de la communication permet de mettre en évidence pourquoi vous communiquez ;
  • la P.A.U.S.E. vous rappelle dans quelles situations vous risquez de perdre pied dans la discussion, et qu’il est possible de l’arrêter momentanément pour une prise de recul ;
  • la communication non violente permet d’éviter certaines agressions verbales.

On espère que ces outils vous seront utiles dans toutes vos relations !

Ressources

Inspirations :

Pour approfondir :

  • notre document ressource sur le RADAR
  • un livre d’introduction à la communication non violente écrit par Marshall B. Rosenberg : Les mots sont des fenêtres (ou bien ce sont des murs)
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0:02

Adèle Bienvenue dans « À tes amours », le podcast qui propose une autre manière d’aborder les relations. Nous sommes Adèle,

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Alexia Alexia

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Sacha et Sacha,

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Adèle et nous allons vous parler notamment d’émotions, de communication, de polyamour et d’autres formes de non-monogamie. Ce podcast s’adresse à toute personne s’interrogeant sur les relations.

0:27

Alexia La communication, c’est très compliqué. On peut vivre avec quelqu’un depuis des années et se retrouver dans une dispute à cause d’un malentendu. Alors évidemment, dans un contexte où on change de modèle de relation, où on sort des sentiers battus et on ne sait pas trop où on va, la communication, c’est le nerf de la guerre. Dans cet épisode, on vous propose quelques conseils et outils qui nous ont beaucoup aidés dans nos relations. Notamment ce qu’on appelle le RADAR. Alors qu’est-ce que le RADAR ?

0:59

Sacha Alors le RADAR, c’est un outil. C’est un outil qui sert à faire le point. En anglais, ça s’appelle un outil de check-in. Ça n’a pas vraiment de traduction à part « faire le point », donc on pourrait dire que c’est un outil de faisage de point. Mais ça n’a pas beaucoup de sens. Donc c’est un outil qui sert à faire le point régulièrement dans une relation où on met de côté du temps pour… une fois tous les mois, par exemple, faire le point sur la relation. Et le RADAR spécifiquement, c’est un outil qui a été mis au point par l’équipe de Multiamory. Qui est un podcast dont on a régulièrement parlé dans nos épisodes. Et ils se sont inspirés de méthodes qui viennent du monde de l’entreprise, pour en faire un outil adapté aux relations amoureuses, mais aussi amicales… Que ça soit des relations monogames ou non monogames, ça convient à pas mal de monde. Et donc l’idée, c’est de se dire, par exemple, tous les mois, mais ça peut être deux fois par mois ou ça peut être moins fréquent éventuellement… C’est de se dire qu’on a un temps dédié pour parler de toutes les choses qui vont concerner de près ou de loin la relation.

2:07

Alexia Ok mais ça a l’air un petit peu forcé de se dire à un moment on va parler alors qu’on peut parler constamment. Et s’il y a quelque chose qui va pas on peut juste se le dire.

2:19

Adèle Alors en pratique, on a vu la dernière fois qu’il n’y avait pas toujours de moment adapté pour communiquer. Et que c’était compliqué pour beaucoup de gens de dire les choses naturellement au moment où elles se produisent. Donc dans le meilleur des cas, les deux partenaires y parviennent et ça va être fait d’une manière constructive. Mais en pratique, ce qui se produit plutôt, c’est deux situations. L’une où on va essayer de dire les choses, mais avec… la charge émotionnelle du moment qui vient d’être vécu, donc pas forcément dans les meilleures dispositions. Ou à un moment où, par exemple, une contrainte pratique ne permet pas à la discussion de se poursuivre. Je vais donner un exemple. On aborde le sujet au petit déjeuner et puis, en fait, notre partenaire doit partir au travail. Il y a une contrainte horaire qui fait que la discussion ne peut pas se poursuivre. Ou alors, tout simplement, l’autre situation, c’est qu’on n’arrive pas à le dire sur le moment. Et qu’une fois que le moment est passé, on ne sait plus quand l’aborder. Du coup, il y a des non-dits. On peut ne pas trouver un moment où l’exprimer. Et du coup, effectivement, ce moment un petit peu artificiel, planifié, permet de réaborder ces sujets. Et de prendre également une forme de recul sur le plan personnel et sur sa relation. Et de pouvoir sortir de son rythme de vie habituel pour partager autour de la relation. En quelque sorte, vous pouvez le voir comme une session de rattrapage de la communication avant que ça dégénère par ailleurs. Par exemple à travers une dispute ou autre.

3:55

Alexia Effectivement comme on a dit la dernière fois il y a certains sujets où c’est jamais le bon moment pour en parler. Et il y a d’autres sujets où on se dit à un moment que le moment est passé et qu’après il est trop tard. Et plus on attend plus il est tard et moins on se sent bien pour en parler

4:10

Sacha Effectivement le format du RADAR ça fait peur à pas mal de monde quand ils entendent ça. Parce qu’ils se disent ah bah non il n’y a pas besoin d’en parler. On peut parler de choses de manière complètement organique. Il n’y a pas besoin de se faire comme si la relation c’était comme une entreprise etc. Et d’autant plus en connaissant l’origine du RADAR qui vient du monde de l’entreprise ça fait d’autant plus peur aux gens. Déjà un point très important à dire c’est que avoir un RADAR ça n’exclut pas de pouvoir continuer de parler organique le reste du temps. C’est très important de souligner ça. Et ensuite c’est vrai que quand on entend ça on se dit ah bon y’a pas besoin… Y a toute la magie et toute la romance qu’il y a autour des relations qui disent qu’une relation en fait elle est pas vraiment censée avoir de problèmes. Et puis s’il y a des problèmes, si les gens ils s’aiment vraiment tout va se résoudre un petit peu organiquement. Et si jamais on est obligé de prendre du temps c’est que ça va pas si bien, que la relation elle fonctionne pas.

4:59

Alexia Ouais l’amour vient avec une pseudo-compréhension mutuelle. Si on s’aime, on est censé lire dans l’autre comme un livre ouvert, alors que non, pas du tout, en fait.

5:08

Sacha C’est ça. Et même sans avoir ces croyances-là, on peut se dire que ça ne sert à rien. Et c’est vrai que quand Alexia m’a parlé du RADAR pour la première fois, en disant « Ah tiens, il y a ça qui existe, c’est pas mal. » À ce moment-là, dans notre relation, c’était vraiment un bon moment, il y a tout qui se passait bien. Et on s’est dit « Ah bah non, nous on n’en a pas besoin, tout va bien, etc. » Et en fait, ce qui est important de dire aussi, c’est que c’est un outil qui est utile même pour les relations qui ne vont pas spécifiquement mal. Puisque c’est un outil qui permet de prévenir de problèmes qui surgiront plus tard.

5:38

Adèle Oui, en fait, je le disais tout à l’heure, ça permet une prise de recul et de désamorcer, avant que le problème ait pris une ampleur trop importante. Finalement, les sujets, ou juste de les aborder à un moment où vous êtes disponible émotionnellement et intellectuellement parlant pour le faire. Et pas à un moment où vous êtes fatigué·e ou las. Ou à un moment où une personne se sent lésée dans la relation et du coup va être chargée de ressentiments. Ou venir avec une forme de mauvaise foi déjà avant même que la discussion se produise.

6:13

Alexia Hum, hum.

6:14

Adèle Ça anticipe des problèmes d’une certaine manière. Enfin, ça anticipe pas les problèmes, plus la résolution.

6:22

Sacha Et en plus de ça, il y a un autre avantage à avoir ces moments dédiés qui ont lieu à une fréquence donnée. C’est que ça allège le reste du temps. C’est-à-dire que le reste du temps, on peut se permettre de se dire « Ah bon, là, il y a un petit truc qui ne va pas très bien. » Plutôt que de se dire « Bon, là, il faut en parler tout de suite. » Et du coup, d’être constamment dans la résolution de micro-problèmes… On peut se dire… Eh bien là, je peux juste me laisser aller, vivre, tout va bien, puisque toutes ces choses-là, on en parlera plus tard dans le RADAR. Si vous le souhaitez, si vous préférez en parler tout de suite, c’est très bien aussi, mais voilà, ça permet de s’alléger le reste du temps.

6:58

Alexia Ça permet du coup à la fois de se dégager d’une charge mentale. Sur des temps où on se dit il faudrait que je parle de ça ou quoi. Parce qu’on sait qu’il y a un moment pour le faire. Et à la fois ça évite de procrastiner à l’infini. Parce qu’il y a un moment où il faut parler des choses.

7:13

Sacha Oui, et la procrastination, en plus, a un autre effet pervers. C’est que plus on attend à résoudre un problème, plus il va y avoir de problèmes qui vont s’accumuler. Et toute cette accumulation de problèmes va arriver d’un coup. À un moment où, en plus, qui n’est pas adapté pour, comme disait Adèle, dans un petit déjeuner, par exemple. Avoir un truc régulier avec un moment dédié, ça évite que d’un coup, on ait… « Ah bah tiens, j’attendais avant de te parler d’un problème, mais entre-temps, il y en a eu dix. Donc tiens, voici dix problèmes d’un coup pour le petit déj’. »

7:40

Alexia Bon app’ ! Ok, donc maintenant je propose qu’on passe aux étapes du RADAR. Sur les étapes du RADAR, il y en a en gros une par lettre. R, A, D, A, R. Mais il y a une pré-étape que du coup, j’appelle l’étape zéro et qui est très importante pour moi parce que sinon, j’oublie de le faire. Et l’étape zéro, c’est programmer le prochain point. Donc, imaginons, on est le 3 juin 2024, on va commencer le RADAR. La première chose que je fais, c’est dire à ma partenaire… « OK, quand est-ce que tu es disponible dans à peu près un mois, par exemple, pour faire notre prochain RADAR ? » Et du coup, convenir d’une date, la bloquer dans l’agenda. Et s’il y a besoin de la décaler, on la décalera. Mais au moins, on sait qu’on a ce moment qui est prévu quelque part. Et on ne va pas oublier. Je vais laisser la première étape désormais.

8:33

Adèle La première étape, c’est R pour Rembobiner. L’idée, c’est de passer en revue ce qui s’est passé depuis le dernier RADAR dans votre vie et comment vous l’avez vécu. Alors, si c’est votre premier, vous pouvez prendre la durée de un mois au préalable, comme le suggérait Alexia, par exemple. Vous pouvez décider d’orienter ce rembobinage sur l’aspect relationnel. Mais ça peut aussi être intéressant de couvrir d’autres plans comme le plan professionnel ou parler de vos sorties notables. Il y a plein de choses qui peuvent être abordées. Comme vous avez votre agenda sous le nez puisque vous venez de planifier votre prochain point, vous pouvez plus facilement aussi vous rappeler les événements marquants qu’il y a eu. En pratique, on parlait des non-dits tout à l’heure. C’est vraiment à ce moment-là, normalement, du RADAR que le sujet va être remis sur le tapis. Par exemple, vous avez eu un rendez-vous avec un autre partenaire, vous allez le mentionner à ce moment-là. Et cette étape, elle peut aussi être l’occasion de se rappeler les bons moments que vous avez vécus avec votre partenaire avec lequel vous êtes en train de faire le RADAR. Moi, je sais que j’aime bien, à ce moment-là, souligner ces aspects-là.

9:42

Sacha Un autre point dans cette étape de rembobiner, et là ça fait un peu flash-forward avec ce qu’on va raconter tout à l’heure. Mais c’est aussi le moment de faire le point sur tous les points d’action qui auraient été notés depuis le RADAR précédent. Et donc ça, on en parlera plus éventuellement dans l’étape points d’action, mais c’est dans cette étape de rembobinage qu’on fait le point sur ce qu’on s’était dit la dernière fois.

10:05

Adèle Si un autre mot vous convient mieux pour cette lettre, ça pourrait être le Récap. Faire le récap de tout ce qui s’est passé, en fait.

10:12

Alexia Oui, parce qu’on s’est dit que peut-être il y avait des gens qui n’avaient jamais rembobiné une cassette et que c’était un mot qui commençait à être légèrement désuet. Mais moi, je l’aime bien, donc Sacha et Adèle ont accepté de le garder. Sacha, tu nous présentes l’étape deux, la deuxième lettre du mot RADAR, le A.

10:31

Sacha Alors le A, c’est pour Adopter un programme de discussion. Et donc c’est une étape finalement assez courte qui va permettre de décider de quoi on va parler après. Donc on va parler des sujets principaux. Donc qu’est-ce que sont ces sujets ? Il y a plusieurs sources pour établir ces sujets. Une des sources de ces sujets, c’est tout ce que vous avez noté comme sujet à traiter dans l’étape précédente « Rembobiner ». Donc quand vous avez noté les trucs de l’agenda, c’était pas le moment de faire tout un discours complet autour de ce qui s’est passé. Mais vous avez pu vous dire, ah oui, très bien, il faut qu’on parle du mariage auquel on est allé, parce qu’il s’est passé des trucs là-bas, donc voilà. Il peut y avoir ce moment-là qui a été noté là-dessus.

11:14

Adèle Ou simplement votre partenaire a évoqué un rendez-vous qu’il a eu. Vous n’allez pas interrompre tout son flow nécessairement à ce moment-là. Et vous pouvez rebondir dessus pour dire « j’aimerais qu’on en parle par la suite parce que j’aimerais qu’on rediscute un petit peu du cadre dans lequel ça peut se passer » ou d’éléments de ce type.

11:31

Alexia Ouais, rembobiner, c’est vraiment rester très factuel. On ne va pas discuter de comment on s’est senti lorsque les trucs se sont passés, ou alors très très brièvement. C’est par la suite qu’on va en parler.

11:43

Sacha Deuxième source de sujet, c’est tout simplement ce dont vous avez envie de parler. Donc si vous vous dites, ah bah tiens, moi je veux absolument qu’on parle de…

11:52

Alexia Comment on gère la lessive ?

11:54

Sacha Comment on gère la lessive, parce que c’est un sujet très important, et bien vous pouvez rajouter ce sujet-là. Et une troisième source de sujet, c’est une liste de onze sujets qui ont été établis par Multiamory. Qui sont des sujets qui vont convenir pour la plupart des relations. Si jamais ce sont des composantes qui n’existent pas dans votre relation, eh bien ne les utilisez pas. Mais sinon c’est intéressant d’en parler. Ces sujets sont… Le premier c’est les moments privilégiés, qu’on peut appeler aussi temps de qualité. C’est la question de est-ce qu’on passe suffisamment de temps ensemble. Est-ce que le temps qu’on passe ensemble il est suffisamment qualitatif ? Donc après vous mettez ce que vous voulez derrière qualitatif, et qu’est-ce que vous avez envie de passer comme temps avec cette personne. Le second sujet, c’est la sexualité. S’il y a de la sexualité dans cette relation, est-ce que ça se passe bien ? Est-ce qu’il y a des choses qui devraient être faites un peu différemment. Ça peut être aussi l’occasion de parler de quoi vous avez envie d’explorer sexuellement. S’il y a des pratiques que vous voulez faire que vous n’avez pas faites. Mais dans cette section, vous pouvez parler, notamment s’il n’y a pas de composantes sexuelles dans votre relation, tout ce qui est autour de l’intimité aussi.

13:00

Adèle Concernant l’intimité, moi, j’aime bien faire le point sur les gestes qu’on s’autorise dans la relation. Et ça peut s’appliquer plus largement aux relations, même familiales. Dire par exemple, à ce moment-là, j’aime pas trop faire la bise, je préfère te faire un câlin. Ce genre d’aspect de toucher le corps de l’autre. Et englober aussi l’intimité émotionnelle potentiellement, par exemple. Donc voilà, vous pouvez un peu élargir cette thématique.

13:29

Sacha Le point suivant, c’est la santé, à la fois physique et mentale. Et donc c’est l’occasion de dire, si jamais il y a des choses que vous n’aviez pas encore dit à la personne, que vous êtes malade de telle chose, ou que vous ne vous sentez pas bien. Ou si jamais il y a des médicaments qui sont en jeu, que vous avez commencé à prendre des médicaments. Que ces médicaments peuvent impacter sur votre vie, sur votre humeur, ou sur d’autres choses. C’est le moment de parler de ce genre de choses. Le suivant, c’est les partenaires et autres amitiés. Donc, on parle des autres partenaires que vous avez. Donc ça, c’est si vous êtes dans une relation non exclusive et que vous avez d’autres partenaires, c’est le moment dédié pour en parler. Et ça a le gros avantage, notamment, de pouvoir parler de s’il y a des nouvelles étapes. Parce qu’on en parlait dans l’épisode précédent, mais lorsqu’il y a une nouvelle étape qui est franchie avec un autre partenaire, c’est très, très difficile de savoir quand est-ce que c’est le bon moment d’en parler. Alors parfois, il y a une règle qui dit qu’il faut en parler le lendemain, ou dans les 24 heures, ou je ne sais pas. Mais si c’est quelque chose de plus… qui ne nécessite pas une action immédiate, eh bien, quand est-ce qu’on en parle, est-ce que c’est une semaine après, deux semaines après, etc. Le RADAR peut être le bon moment de se dire, bon, ben là, c’est le moment où cette personne va être capable d’entendre que j’ai dit je t’aime pour la première fois à mon autre partenaire, par exemple. Et c’est aussi l’occasion de parler de vos amitiés si vous le souhaitez. Les ami·e·s peuvent être tout aussi importants que les autres partenaires, et notamment si vous n’avez pas d’autres partenaires. Donc c’est l’occasion de parler de tout ça. Le point suivant, c’est les disputes. Donc notamment si vous avez eu une ou plusieurs disputes depuis le précédent RADAR, c’est le moment de revenir dessus. Si elles ne se sont pas résolues, c’est le moment d’en reparler encore un petit peu. Et même si elles se sont bien résolues, de parler de est-ce que finalement dans cette dispute, on aurait pu faire les choses un petit peu différemment pour que ça soit moins pénible. Ou est-ce qu’au contraire, elle s’est très bien passée et on peut se dire bravo, c’était une très belle dispute.

15:19

Adèle J’aime bien aussi le compléter par potentiellement des désaccords. Il peut y avoir eu des désaccords et sur lesquels il n’y a pas eu de décision tranchée. Ça peut être intéressant de revenir sur ce sujet-là pour soit voir s’il y a eu des avancées ou des nouvelles idées. Soit simplement faire le point sur le fait que vous n’êtes toujours pas d’accord et que ce n’est pas forcément grave.

15:40

Alexia Et moi, j’aime bien rajouter incompréhension parce que je considère que je ne me dispute pas du tout avec mes partenaires. Mais parfois, éventuellement, il peut y avoir un petit truc qui coince et on s’en rend compte. Et en fait, ce n’est pas forcément le moment d’en parler quand ça arrive, mais on peut revenir dessus. Voilà. Avec Adèle, on a fait notre… Pour la première fois, on a utilisé cette thématique autour d’une incompréhension qu’on a eue et qu’on a résolue comme des reines.

16:10

Sacha Bravo.

16:11

Alexia Merci.

16:13

Sacha Le point suivant, c’est l’argent. Alors l’argent, ça peut être un sujet très délicat puisque c’est un sujet qui est assez tabou dans notre culture. Et ça peut être aussi bien régler les histoires de dettes que vous avez. Par exemple, ah oui, c’est vrai que je te dois trente euros parce qu’on a fait tel resto et telle chose. Mais c’est aussi l’occasion de parler de… Est-ce que la gestion de l’argent au sein de la relation fonctionne bien ? Par exemple, si une personne gagne beaucoup plus que l’autre et a tout le temps envie d’aller au restaurant alors que l’autre n’a pas les moyens pour. C’est le moment d’en parler et de dire qu’il y a un problème là-dessus et de voir comment on gère les choses vis-à-vis de ça. Le point suivant, c’est le travail et les projets. Donc, ça peut être l’occasion de parler de votre vie professionnelle. De s’il y a eu des changements, si vous avez eu une promotion ou des choses comme ça dont vous n’aviez pas encore parlé. Mais aussi de parler de l’impact qu’a votre vie professionnelle sur la relation, puisqu’il y a des gens qui vont beaucoup travailler et ça va avoir un gros impact derrière. Ils vont rentrer tard ou ils vont être trop stressés et ça va impacter trop de choses. C’est le moment de parler de ce genre de choses.

17:17

Adèle D’ailleurs, j’en profite, ça peut aussi être l’occasion pour le partenaire de faire part de son constat. Par exemple « J’ai remarqué que tu sortais de plus en plus tard du travail. Est-ce que tu te sens surchargé·e ? » Aussi, potentiellement, amener une prise de recul sur la part que prend le travail et les projets dans la vie personnelle.

17:37

Sacha Voilà, et c’est pas forcément le salariat, c’est aussi tout autre projet qui vous tient à cœur et vous prend du temps, ça rentre dedans aussi. Le point suivant, c’est les voyages et autres choses à planifier. Donc si vous avez un voyage de prévu, un weekend, ou que vous organisez une soirée ensemble, ou je ne sais pas. Toute chose qui requiert de la planification, c’est le moment de faire le point là-dessus. Alors peut-être que vous n’allez pas organiser en entier un gros truc à ce moment-là. Il y a déjà beaucoup de choses à dire dans le RADAR, donc ce n’est pas forcément le moment d’aller à fond sur un point. Mais c’est l’occasion d’en parler et éventuellement de regarder un petit peu le calendrier, mais cette fois-ci du côté futur et pas du côté passé. Et de voir s’il y a des choses importantes à mentionner, notamment. Le thème suivant, c’est la famille. Et la famille choisie éventuellement peut rentrer là-dedans. Ça peut être l’occasion de donner des nouvelles de votre famille. De dire « Ah oui, j’ai eu mon frère au téléphone, ça s’est bien passé, je vais voir ma mère la semaine prochaine », ou ce genre de choses. De donner des nouvelles éventuellement de votre famille si vous n’en avez pas eu. De parler des relations qu’il y a sur la famille et de l’impact que ça peut avoir sur la relation éventuellement.

18:47

Adèle Notamment, je pense à ceux qui ont des enfants ou à celles qui ont des enfants. Ça peut être aussi un point important à aborder dans cette catégorie famille.

18:58

Sacha Et enfin, le dernier point, c’est le foyer. C’est donc parler de… Notamment si vous vivez ensemble, de parler des tâches ménagères. Ou comme le donnait comme exemple tout à l’heure Alexia, si vous voulez parler de la lessive, ça peut être l’occasion d’en parler là-dedans. Pas forcément besoin d’en faire un point dédié à part, mais si c’est… Vous faites comme vous voulez. Et donc, c’est le moment de parler. Est-ce que vous avez des ressentiments par rapport à la répartition des tâches ménagères ou toute autre chose ? Ça peut être l’occasion, si jamais vous êtes en train de faire des travaux dans votre maison, de parler de ces choses-là. Et même si vous ne viviez pas ensemble, ça peut être l’occasion de dire « Ah, est-ce que ça se passe bien ? Est-ce que ça ne te dérange pas quand j’arrive avec mes chaussures toutes boueuses chez toi ? Est-ce que je fais suffisamment la vaisselle chez toi ? » ou ce genre de choses. C’est l’occasion de parler aussi de ce genre de choses.

19:47

Adèle Ou tout simplement, est-ce que tu te sens bien chez moi ? Ça peut aussi être sympa qu’il y ait un accueil chaleureux.

19:56

Sacha Et voilà, c’est tout pour les dix sujets qui ont été prévus par Multiamory. Donc j’avais dit onze, mais en fait il y en a dix, car le onzième c’était de rajouter tout ce que vous avez envie de rajouter. Vous pouvez parler de ce que vous voulez, l’idée c’est d’ici de proposer des thèmes qui sont communs à la plupart des gens. Mais vous en faites bien ce que vous voulez.

20:16

Alexia Merci, Sacha, pour la présentation de tous ces thèmes. Et du coup, l’étape suivante, c’est le D du RADAR. C’est pour Discuter. Donc, la deuxième étape, adopter un programme de discussion, c’est vraiment se dire de quoi on veut parler un peu en priorité. Dans la pratique, éventuellement, vous allez vous dire on n’a pas de priorité particulière et vous allez juste choisir de dérouler les différentes thématiques proposées par Sacha.

20:42

Sacha J’ai oublié de préciser que les sujets que j’ai listés avant, l’idée c’est de pouvoir les ordonner dans un ordre précis si jamais vous avez envie qu’il y ait un ordre. Parce que par exemple il y a un sujet qui est plus compliqué, vous savez qu’il va être plus dur, ça peut être l’occasion de le placer en premier ou en dernier, ou comme vous le souhaitez.

20:56

Alexia Une fois que vous êtes d’accord sur ce programme de discussion, vous allez discuter. Je ne vais pas avoir beaucoup de choses à rajouter par rapport à ça, mais il va falloir se mettre dans un état de communication. Vous savez que vous allez devoir dire des choses difficiles, entendre éventuellement des choses difficiles. Il faudra y aller avec de la bonne volonté. Vous êtes deux, vous êtes une équipe. Vous êtes là pour faire en sorte que ça se passe bien pour tout le monde. Voici l’étape Discuter. Eh bien, du coup, je vous envoie vers Adèle qui va présenter la quatrième étape.

21:33

Adèle Donc c’est le A de Agir. En fait, il s’agit tout simplement de prendre les décisions opérationnelles par rapport aux problématiques éventuelles que vous avez rencontrées et que vous avez solutionnées à travers la discussion précédente. Et de les noter à l’écrit. Ces discussions ont mené à priori à des décisions qui doivent être le plus pragmatiques possible. Et donc, par exemple, si vous avez identifié que vous avez du mal à échanger parce que l’un des partenaires est très pris par ses activités ou son travail. Vous pouvez convenir, par exemple, de vous appeler une fois par semaine, le mardi midi, entre midi et treize heures pour pouvoir discuter et vous sentir en lien. C’est vraiment quelque chose de très concret, si possible, ou alors des recommandations que vous allez faire pour mener votre relation au mieux. Je précise aussi que les décisions que vous allez noter, donc les actions, elles peuvent être temporaires. Si je reprends mon exemple, il peut y avoir un pic d’activité dans l’entreprise qui fait qu’un des partenaires a énormément de déplacements professionnels prévus le mois qui suit. Donc il sait qu’il va être très peu disponible dans la relation. Donc ça peut être une solution par rapport à cette période courte, ou alors ça peut être plus durable. L’idée, c’est de toute manière de réévaluer ces actions, de voir si elles répondent à la problématique identifiée. Donc voilà, les points d’action.

23:02

Sacha Oui, du coup, au RADAR suivant, on commence dans l’étape rembobiner par lister ces points d’action précédents et voir effectivement qu’est-ce qu’on en fait. Comme disait Adèle, est-ce qu’ils doivent rester temporaires ou est-ce qu’ils ont bien fonctionné ? Et s’ils n’ont pas bien fonctionné, quelle autre chose on fera ? C’est le moment de faire le point sur les précédents points d’action.

23:24

Adèle Personnellement, moi, je fais toujours tout dans la catégorie actions. Je les passe en revue et je fais les actions, mais ce n’est pas la méthode recommandée. Je l’apprends ce soir.

23:36

Alexia De toute façon, c’est des grandes lignes. On va y revenir dessus juste après sur nos témoignages. Pour l’instant, on va finir de passer les étapes du RADAR avec le dernier R.

23:46

Sacha Le dernier R, c’est pour Reconnecter. Parce que parler de tous ces sujets-là, ça peut être assez difficile. On aborde des problèmes dans la relation. On aborde des choses qui ne vont pas bien. C’est pas forcément facile et on peut dire des choses qui sont… Alors, dans l’idéal, on ne dit pas des choses qui sont vraiment blessantes. Mais on peut dire des choses qui peuvent faire penser que l’autre ne voit que du mal en nous, par exemple, ou des choses comme ça. Et donc, reconnecter, ça sert à rassurer que la relation, en fait, elle existe toujours bien et qu’on a toujours envie qu’elle continue. Et donc dans cette étape là c’est l’occasion de le dire verbalement ça, que l’autre compte pour nous. Et que éventuellement dire bravo pour tes capacités de communication au sein de ce RADAR. Je suis fier de nous et je tiens à toi. Et après dans cette étape de reconnecter on peut avoir plusieurs méthodes possibles. On peut faire par exemple un tour d’appréciation, c’est-à-dire que chaque personne va dire une qualité ou quelque chose qu’elle apprécie chez l’autre. Ça peut être l’occasion de faire ça. On peut, sinon, juste faire une activité qu’on aime bien, juste derrière. Ça peut être l’occasion aussi de se récompenser du fait d’avoir fait quelque chose qui n’est pas forcément facile. Ni forcément très réjouissant à l’avance, de se dire, ah tiens, je vais faire un RADAR et je vais parler de tout ce qui ne va pas. Et donc, cette étape-là, c’est l’occasion de, à la fois, s’assurer que la relation, elle est toujours importante, qu’on a toujours envie qu’elle continue. Et à la fois de se récompenser d’avoir accompli ce travail nécessaire.

25:24

Adèle D’ailleurs, j’en profite. Éventuellement, en fait, ce qui peut se passer si votre relation, elle va très bien. Que vous vous connaissez, que vous communiquez extrêmement bien tout le reste du temps. C’est que les sujets vont être très vite passés en revue. Vos points d’action, pareil, tout va rouler parfaitement. Donc, en fait, vous allez juste arriver à un moment où vous allez passer une soirée agréable ou un moment agréable avec votre partenaire. Ça peut se produire. En pratique, souvent, il y a toujours quelque chose à discuter. Mais voilà, c’est aussi l’occasion.

25:56

Alexia C’est une sorte de RADAR où en fait, on se rend compte qu’il ne nous sert pas énormément. Mais du coup, le R va trainer en longueur. Du coup, ça fait un RADARRRRRRRRRRRR. Et en fait, on est juste content et on passe du temps ensemble. On vous dit que c’est un excellent outil. Et bien, si on a passé pour ces étapes, on va passer à une phase de témoignage. Donc, j’aimerais vous demander, Sacha et Adèle, comment vous vivez les RADARs, comment vous les avez vécus, c’est quoi vos expériences ?

26:28

Sacha Moi, comme je disais au début, j’étais un peu… comment dire, pas frileux, mais je me suis dit que ça ne me servait à rien. Puisque si la relation va bien, il n’y en a pas besoin, mais c’est uniquement en se lançant dedans que j’ai réalisé à quel point c’était vraiment super. Et maintenant, je mets ça en place avec toutes mes relations. Toutes mes relations romantiques, mais en fait, je pense que toute autre relation qui me prendrait vraiment une part importante de mon quotidien, ça serait quelque chose que je mettrais en place.

26:59

Alexia D’ailleurs, nous, à un moment, on a envisagé de faire un RADAR de colocs. Ça ne s’est pas du tout fait parce que les autres colocs sont là « Bah non, on veut pas. » Mais ça peut se faire. Si vous vivez avec des gens, ça peut être intéressant de se dire une fois par mois, vous faites un diner où vous parlez des choses et d’autres.

27:16

Adèle Oui, en fait, j’avoue qu’on a des outils pour plein de choses essentielles dans notre vie. Et finalement, pour les aspects les plus fréquents et les plus omniprésents, on a presque tendance à les oublier et à les faire d’une manière beaucoup plus chaotique. Je vois que moi, cet aspect un peu structuré du RADAR, avec différentes étapes, je le trouvais un petit peu rassurant. Je me disais, au moins, ça permet de tout couvrir. Je pense que c’est mon côté organisé. Mais en tout cas, du coup, à la fois, c’est un peu artificiel, on est d’accord. Et à la fois, ça permet de vérifier qu’on n’oublie rien. Cela dit, moi, j’ai eu des… Des expériences mitigées, on va dire, sur le RADAR. Parce que ça ne dépend pas que d’une personne, ça dépend de la bonne volonté de communication des deux personnes impliquées. Et effectivement, moi, j’ai eu déjà des RADARs avec une personne en face, un partenaire qui ne désirait pas, en fait, prendre du recul et avoir ce moment d’introspection. Donc les RADARs étaient poussifs et compliqués et ils ne se passaient pas nécessairement bien. C’est aussi quelque chose dont il faut avoir conscience quand on se lance dans ce genre de communication. Il faut être motivé à deux pour le faire. Ça ne sert à rien de forcer quelqu’un à faire ce RADAR si jamais il n’en a pas envie. En revanche, effectivement… Il y a des moments hyper positifs et émotionnels qui ont découlé aussi de RADAR. Et où je suis sortie du RADAR avec un sentiment de compréhension mutuelle et de soutien en fait dans la relation qui était très importante, qui fait du bien. Juste le fait de se sentir écoutée et comprise, c’est très agréable en fait, en tout cas pour moi.

29:10

Alexia C’est rigolo, Adèle, que tu dises que ça t’aide beaucoup d’avoir le truc organisé. Alors que sur nos premiers RADARs, on n’avait pas « RA », on n’avait pas « AR », on avait juste le « D ». Où on s’est appelé et on discutait une heure ou deux. Au final, si, on traitait les sujets, on vérifiait qu’on avait fait à peu près le tour, mais c’était fait de façon tout à fait libre. Je trouve ça hyper intéressant de voir à quel point on peut avoir un spectre de… Soit vraiment on fait étape par étape en faisant bien attention à faire les choses dans l’ordre et en réfléchissant soigneusement à un programme avec les priorités etc. Soit on a un truc intermédiaire on se dit ok on regarde notre agenda et ensuite on parle des choses à peu près une par une. Soit carrément juste en fait c’est deux heures de discussion et ça peut le faire aussi en fait. Et vraiment le truc qui est important, pour moi, c’est d’avoir un temps de discussion réservé. Après que vous suivez plus ou moins précisément la méthode, c’est à vous de voir où est-ce que vous mettez le curseur.

30:07

Adèle Oui, j’en profite pour rebondir là-dessus. Je pense que j’ai fait des RADARs avant de savoir que ça s’appelait des RADARs. Dans le sens où j’avais des moments de check-up dans mes relations. Où effectivement, je cherchais à créer cet espace de discussion pour que la personne puisse aborder différents sujets si elle le souhaitait. Alors, je n’avais pas toutes ces catégories, mais je cherchais à couvrir le plus de sujets possibles. Et je pense que ça existe dans beaucoup de relations, qu’elles soient amicales ou pas, amoureuses ou pas. Mais j’imagine que beaucoup d’entre vous font déjà des discussions qui ressemblent à des RADARs et en fait, ça le… L’aspect chouette, c’est vraiment de l’inscrire dans une temporalité et de savoir qu’il y a ce moment prévu. On en parlait dans l’épisode précédent, mais là, du coup, c’est planifié. Donc, on sait que ça va arriver.

31:01

Alexia Ouais, ce dont tu parles, Adèle, j’ai l’impression que ça peut ressembler au par exemple juste passer un coup de téléphone et on se dit ok on s’appelle ce weekend. Mais quand on dit ça on se dit ok on va discuter vingt minutes, une heure. Mais ce qui est vraiment fort aussi dans le RADAR c’est se dire on va faire un point sur les choses et on va se préparer à ce qu’éventuellement il y ait des sujets qui sont pas faciles. Mais on va être constructif là-dessus. Et aussi, c’est le moment où on essaie de dire les choses qu’on n’a pas réussi à dire plus tôt. Il y a un aspect quand même qui est moins vraiment discussion de prise de nouvelles. On n’est pas juste sur de la prise de nouvelles. On est aussi sur de la vigilance par rapport aux problèmes éventuellement existants, aux envies et aux besoins.

31:46

Sacha Effectivement, ça prend plus de vingt minutes. On n’a pas évoqué du tout la durée que c’était censé prendre. C’est long. C’est long. Le tout premier RADAR qui est fait, il prend plusieurs heures facilement, trois, quatre heures, dans une relation, selon ce que vous avez à dire. Et sinon, en général, quand les choses se passent bien, ça prend quand même facilement une heure, une heure et demie.

32:10

Alexia Oui, ça va très vite. Le temps, on se dit qu’on n’a rien à se dire. Plusieurs fois, on vous a dit ça. On part en se disant que la relation, ça va, il n’y a pas grand-chose à dire. Et en fait, on se rend compte qu’il y a généralement pas mal de choses à développer quand même.

32:24

Adèle D’ailleurs, à ce sujet, moi, ça m’est arrivé de ne pas couvrir du tout l’intégralité des sujets qu’on souhaitait. Parce qu’à un moment, en fait, on était fatigué émotionnellement d’avoir discuté des sujets qui n’étaient pas faciles et on voulait reconnecter. Et donc, on a planifié un RADAR intermédiaire plus rapproché. En se disant qu’il y a pas mal de sujets qu’on n’a pas pu couvrir et qui nous semblent importants. L’idée, ce n’est pas de faire grossir la liste et de jamais avoir le temps de les aborder. Donc, on avait replanifié un RADAR un peu plus tôt que le prochain qui était théoriquement prévu.

32:56

Alexia Et je réinsiste sur quelque chose que je crois que Sacha a déjà dit. Qui est, vraiment, si vous avez l’impression que vous n’avez rien à dire sur un sujet, ne fermez pas non plus la porte à ce que l’autre puisse avoir des choses à dire. Parce que si ça se trouve, il a envie de vous dire quelque chose par rapport à l’argent. Et si vous passez en revue le programme en disant « Ah, l’argent, on n’a rien à dire », et vous le passez rapidement comme ça… Peut-être que votre partenaire en face n’osera pas dire « Si, en vrai, j’ai quelque chose à dire sur l’argent et j’ose pas. » Et du coup, il va juste ne pas le dire. Donc faites attention à ce genre de dynamique.

33:28

Sacha Dans l’étape d’adopter un programme de discussion, l’idée c’est que cette liste de dix thématiques… Si elles sont pertinentes pour votre relation, l’idée c’est de la faire à chaque fois en fait. Et de rajouter éventuellement d’autres sujets, mais au moins de ces dix thèmes-là, de les faire. Quitte à dire, il n’y a rien à dire cette fois-ci. Mais de vous laisser le temps de vous poser vraiment la question, est-ce qu’il n’y a vraiment rien à dire. Et éventuellement de prendre ce petit temps pour dire, ah ouais, on a vraiment bien géré là-dessus, tout se passe bien, c’est toujours positif. Et cette liste, finalement, pour moi, c’est presque la partie la plus intéressante de l’outil RADAR. C’est cette liste de sujets à se dire à chaque fois. Sinon, comme disait Adèle, ce qui est important, c’est juste d’avoir… Enfin, ce que je trouve important, c’est d’avoir un moment pour faire le point régulier. Et après, ça prend la forme que vous voulez. Et d’ailleurs, Multiamory quand ils présentent le RADAR, ils… Ils encouragent à customiser comme on veut cet outil pour qu’il soit le plus pertinent pour vous. L’idée, ce n’est pas de se dire qu’il faut respecter au maximum le protocole. Le protocole, il est intéressant pour pas mal de monde. Il a été testé par des centaines, probablement des milliers de personnes.

34:36

Alexia Des milliards de gens !

34:40

Sacha Et il y a beaucoup de retours positifs qui existent donc c’est pas un truc expérimental. C’est quelque chose qui fonctionne pour pas mal de monde. Mais voilà faites comme vous le souhaitez.

34:49

Adèle J’allais dire c’est une technique de management des relations éprouvée mais j’ai peur que vous partiez tous en courant.

34:55

Alexia On arrête tout ! Maintenant qu’on a passé les témoignages, on va passer sur rapidement quelques conseils de communication dont on voulait vous parler. Parce que c’est vraiment très lié à ce genre de situation, ça pourrait vous être utile aussi. Donc je vais commencer par donner la parole à Sacha.

35:17

Sacha Alors, quelque chose d’important, lorsqu’on discute de ce genre de choses qui ne sont pas des discussions faciles, c’est d’être dans un bon état, physique et psychique, pour discuter de tout ça. Et donc, ça veut dire que si on est complètement, Adèle le disait tout à l’heure, si on est complètement fatigué émotionnellement, ce n’est pas forcément pertinent de continuer. Et même pire, ça serait même délétère de continuer à ce moment-là. Et donc, dans le monde anglo-saxon il y a un acronyme qui est très utilisé qui s’appelle HALT. Qui veut dire Hungry, Angry, Lonely, Tired. Qui veut dire qu’il faut éviter… Qu’on va accumuler beaucoup de stress si jamais on a faim, on est en colère, on se sent seul ou on est fatigué. Multiamory quand ils présentent le RADAR généralement c’est toujours accompagné aussi de conseils là-dessus. Et eux ils rajoutent même d’autres états émotionnels qui font que la discussion passerait pas bien. C’est si jamais on devient excité sexuellement, ou qu’on est sous l’emprise d’une drogue, que ça soit de l’alcool ou un autre type de drogue, ou encore qu’on est malade. Dans ce genre de cas, si jamais on se sent… on n’est pas bien physiquement ou mentalement, eh bien la discussion, elle ne peut pas avoir lieu dans de bonnes conditions. Et donc il vaut mieux s’arrêter, faire une pause. C’est pour ça que l’acronyme en anglais s’appelle HALT, qui veut dire pause. Et donc en français, si jamais on voulait faire un acronyme…

36:33

Alexia Et on veut !

36:34

Sacha Et on veut le faire. Si jamais on veut faire un acronyme qui veut dire PAUSE, et qui reprend ces idées-là. On pourrait dire que donc PAUSE, on fait une pause. PAUSE c’est pour Pompette, Affamé, Ulcéré, Solitaire ou Exténué.

36:47

Alexia Parfait !

36:48

Adèle Si vous avez des meilleures suggestions, faites-nous les parvenir mais je pense que c’est impossible. Franchement, on a planché dessus…

36:53

Alexia Comment ça meilleur ?

36:55

Adèle … énormément.

36:57

Sacha Donc voilà, si on est Pompette, si on est ivre, ça ne va pas marcher, on ne va pas être capable de réfléchir correctement. Si on est Affamé, le cerveau, il ne va pas être capable de prendre de bonnes décisions. Je crois qu’il y a un certain nombre d’études qui ont été faites. Que quand on a faim, on ne raisonne pas pareil et on ne prend pas les mêmes décisions, même si ça n’a rien à voir avec de la bouffe. Ulcéré, si jamais on est en colère…

37:17

Alexia C’est vraiment tiré par les cheveux ce terme-là. Mais ça marche bien, ça marche bien. On était obligés, on a un U, on fait ce qu’on peut.

37:27

Sacha Si on est en colère il faut du temps pour se calmer. Faites une pause de je crois c’est 20 minutes à peu près au moins pour pouvoir regagner son calme. Solitaire, si on se sent seul.

37:39

Alexia Incompris dans la discussion.

37:41

Sacha Il y a d’ailleurs… Multiamory conseille généralement avant de faire un RADAR, que les jours avant le RADAR il y ait eu une autre interaction dans le couple. Parce que ça peut être la solitude au sein du couple. Et donc que ça soit pas le seul moment du mois où on se voit que ça soit le RADAR. Qu’il faut qu’avant on ait eu au moins un coup de téléphone ou qu’on ait fait un date plus tôt dans la semaine pour pas se sentir une distance au sein du couple. Et enfin Exténué donc si on est fatigué ou malade et qu’on est pas bien physiquement ça va être compliqué de faire ça. Si jamais vous vous décelez que ça commence à venir, parce qu’autant s’arrêter le plus tôt possible, faites une pause. Que ce soit une pause de vingt minutes, une pause de une heure, deux heures, ou même reportez la suite à un autre jour.

38:24

Alexia Moi, j’aimerais revenir sur le U de ulcérer, juste parce que c’est ce qui m’arrive en fait. Dans une discussion émotionnelle, je peux vraiment sentir une forme de colère monter en moi, un énervement. Vraiment, je peux avoir la tête qui tourne d’indignation. Et donc, sur un moment comme ça, je sais qu’il faut que je fasse une pause si ce truc-là arrive. Il faut que j’aille me faire une tisane, que j’aille marcher dehors en écoutant les musiques les plus énervées. Ce genre de choses peut arriver. Et vraiment, si vous vous sentez mal par rapport à ça, accordez-vous vraiment ce genre de pause. Il y a un autre truc que je vois aussi, qui est lié à des colères, des sentiments d’injustice. C’est je peux commencer à me voir dire des choses de mauvaise foi. Je commence à dire des choses et je me rends un peu compte que c’est de la mauvaise foi. Ça peut être des accusations qui sont infondées, des choses qui peuvent être un peu passives-agressives. Et je dis « je m’en rends compte », c’est pas vrai, je m’en rends pas toujours compte. Mais au bout d’un moment dans la conversation, il commence à y avoir un blocage qui se met en place. Et à ce moment-là, j’arrive à voir que je suis dans cet état de mauvaise foi, de sabotage. Et à ce moment-là, il faut vraiment que je sache dire que j’ai besoin de prendre du recul avant de continuer la discussion. Et ça, on en parle, donc, on parle de ce conseil de communication dans le cadre du RADAR. Mais évidemment, c’est des conseils de communication qui sont généraux dans n’importe quelle discussion. Si vous vous retrouvez dans ce genre de situation qui est délétère pour la compréhension mutuelle, il faut savoir se dire « Ok, j’ai besoin de respirer un peu. »

39:58

Adèle J’aurais deux ajouts. Le premier, c’est que bien sûr, c’est une histoire de degrés. C’est-à-dire que la conversation va forcément générer des émotions. Peut-être qu’à un moment donné, il y a des choses qui vont vous agacer. C’est jamais simple de recevoir, par exemple, une critique sur un comportement qu’on a pu avoir ou quelque chose qu’on a mal fait. Or, ça risque d’être le cas quand même dans cette conversation. L’idée, c’est pas de vous barricader non plus dès que ça arrive. Mais c’est d’avoir une forme de lucidité sur est-ce que vous restez capable d’être dans l’empathie et dans la compréhension mutuelle ? Ou est-ce que vous êtes en train de vous sentir attaqué, ou juste de ne plus avoir la disponibilité mentale pour être dans la conversation ? Donc ça, c’est un point, à mon sens, très important, de rester conscient de ça et de ces limites. Le deuxième, c’est que ça peut être intéressant de savoir un petit peu comment on fonctionne et de planifier en fonction le RADAR. Si vous savez que vous êtes plutôt du matin, planifiez vos RADARs plutôt le samedi matin autour d’un café. Si vous savez qu’au contraire le matin c’est pas du tout votre moment et que vous êtes plus à l’aise dans l’après-midi, faites-le autour d’un goûter. L’idée c’est de prévoir un moment où vous savez que votre cerveau fonctionne et que vous êtes efficace dans la mesure du possible si c’est compatible avec votre partenaire.

41:23

Alexia Ok, Adèle, est-ce que tu peux nous présenter le conseil de communication suivant ?

41:29

Adèle Oui, le conseil que je vais vous présenter, il s’appelle la triforce de la communication. En fait, l’idée, c’est qu’il a été relevé qu’il y a trois principaux axes, buts, dans la communication que les gens peuvent chercher à atteindre. Le premier, ce serait de simplement s’exprimer et de verbaliser une information. Dans ce cas-là, on n’attend absolument rien d’autre de la personne en face de nous, à part qu’elle nous écoute. Donc qu’elle ne soit pas en train de regarder son téléphone en même temps, par exemple, mais qu’elle soit dans une vraie forme d’écoute. La deuxième, c’est que ça peut être une volonté de partager un ressenti, une émotion, et d’attendre une forme de réaction et de participation de l’autre côté. C’est-à-dire, par exemple, on va chercher du réconfort, des mots d’affection, de soutien, ou au contraire, des mots de félicitation si on partage une réussite. Et le troisième axe, ça va être… l’exposition d’un problème dans le but de chercher ensemble une solution. Dans ce cas-là, on va pouvoir attendre de l’aide et des conseils de la personne qui nous écoute. Et en fait, ce qui se passe, c’est que dans pas mal de discussions, finalement, on ne sait pas deviner ce qu’attend la personne en face de nous. Et ça peut générer des incompréhensions. On va se retrouver avec quelqu’un qui va nous donner des conseils alors qu’on voulait juste du soutien. Et ça peut être mal vécu. Le conseil de communication, c’est dites à votre partenaire dans cette conversation, mais d’une manière plus générale, ce que vous attendez dans la communication, dans quel but vous communiquez en fait.

43:14

Alexia Donc ça peut changer en fonction des conversations que vous avez. Peut-être que je vais aller vers Adèle en disant « Ah, je veux juste te tenir informée qu’il se passe ça dans ma vie. » Ou peut-être que je vais aller la voir dix minutes plus tard en disant « Ah, je rencontre tel problème, est-ce que tu peux m’aider ? » Donc comme dit Adèle, effectivement, aller vers la personne à qui vous parlez en disant « Pourquoi ? » Pourquoi vous dites le truc ? Mais vous pouvez aussi être dans la position de recevoir ce que vous dit quelqu’un. Et moi ça m’arrive pas mal d’avoir quelqu’un qui me dit quelque chose. Et je suis à genre est-ce que tu veux que je te rassure est-ce que tu veux que je t’exprime mon soutien est-ce que tu veux que qu’on réfléchisse ensemble à une solution ? Donc bon, voilà, encore une fois, on peut se retrouver dans une situation où on se dit « Ok, c’est un peu artificiel, est-ce que tu peux me parler normalement et pas comme un espèce de robot ? » Mais bon, voilà, c’est quand même intéressant de savoir que ces outils existent et que ça peut être utile.

44:07

Sacha Cet outil en particulier, il vient de Multiamory aussi, c’est eux qui ont inventé le terme. Enfin inventé… « Triforce » ça vient du jeu Zelda. Mais c’est eux qui l’ont appliqué et qui ont raffiné un découpage qui avait été fait par quelqu’un d’autre. Et qui ont découpé en trois catégories seulement : écoute, soutien et conseil.

44:26

Adèle C’est ça. En pratique, il y a beaucoup d’études sur le sujet des buts de la communication, mais c’est un très bon résumé à notre sens.

44:34

Alexia J’aimerais faire un dernier petit point sur des principes que moi j’associe à la communication non violente, qu’on abrège parfois CNV. Alors attention, je ne vais pas du tout dire qu’il est interdit de crier, qu’il faut absolument être tout à fait neutre et impartial tout le temps et avoir une communication tout à fait parfaite. Ce que je veux dire, c’est juste faites attention quand vous rencontrez un problème. À ne pas attribuer des intentions à la personne en face. Par exemple, ne pas dire « Ah, tu t’en fiches de moi. » Ou « Ah, tu n’as aucun respect pour ma famille. » Ou « Tu as décidé de jamais faire le ménage. » Donc tout ça, c’est prêter des intentions à la personne en face. Et c’est assez accusateur et la personne en face va se sentir attaquée et va vouloir se défendre ou des choses comme ça. Ce que la CNV propose, c’est d’adopter une façon de faire qui est faire le point sur ce qu’on ressent. Par exemple de la colère, un sentiment d’injustice. Faire le point sur quelque chose d’extrêmement factuel. Par exemple, tout ce mois-ci, c’est moi qui ai fait des lessives et je ne t’ai pas vu faire de lessive. Donc, avoir, dire, par exemple, sur le truc émotionnel, c’est « je me sens lésée dans la gestion des tâches domestiques ». Et ensuite, voilà, laisser la personne en face dire ce qui s’est joué pour elle. Donc, plutôt que de dire « tu t’en fiches de moi, tu me respectes pas et tu me laisses faire toutes les tâches ménagères », dire… « Je me sens lésée parce que, de ce que j’ai vu, c’est moi qui ai fait tout le temps la lessive. » Comment la personne se positionne en face et est-ce qu’elle va dire… Enfin, à ce moment-là, elle peut dire « Ah oui, c’est vrai, je ne m’en étais pas rendue compte. » Vous lui laissez l’opportunité de reconnaitre d’elle-même son erreur s’il y en a une. Et sinon, vous lui laissez l’opportunité d’expliquer ce qui s’est joué. « Oui, mais il s’est passé telle chose et telle chose pour moi. Et par ailleurs, c’est moi qui ai fait la vaisselle ou je ne sais pas quoi. » Et on ne va pas être dans une attaque de « Ah, c’est moi qui ai fait toute la lessive, toi tu n’as rien fait. » Et l’autre qui fait « Oui, c’est moi qui ai fait toute la vaisselle. » Et on se retrouve à chercher un coupable. Ce n’est pas la question en fait. Je m’y connais pas grand-chose en CNV. Je ne peux pas prétendre que j’ai étudié toutes les méthodes. Je ne prétends pas que c’est un outil qui résout tous les problèmes. Je ne prétends pas que toute la communication doit se faire comme ça. Mais c’est des choses qui, en tout cas, m’ont aidée d’essayer de me raccrocher au fait de faire le point sur, d’une part, mes émotions, d’autre part, les faits. Et ouvrir la discussion à partir de ça. Et nous avons donc terminé. Nous arrivons au bout de cet épisode. Pour résumer, dans nos relations, on a trouvé que cet outil, le RADAR, ça nous aide vraiment à faire en sorte que tout se passe au mieux. Alors forcément, on a envie de le conseiller à tout le monde. On rappelle les étapes. Zéro, programmer le prochain RADAR. Un, rembobiner. Deux, adopter un programme de discussion. Trois, discuter. Quatre, agir. Cinq, reconnecter. Voilà, on vous souhaite les meilleurs RADARs !

47:49

Sacha Et je vous encourage à regarder dans les ressources de l’épisode. On vous mettra des liens pour écouter, si vous parlez anglais, vous pouvez écouter directement ce que Multiamory a à dire sur le sujet. On vous rajoutera aussi une fiche qui traduira la fiche que Multiamory a fait. Qui vous permettra d’avoir un support pour avoir les différentes étapes et les différents sujets de discussion directement à disposition.

48:17

Alexia Merci d’avoir écouté cet épisode jusqu’au bout. S’il vous a plu, n’hésitez pas à en parler autour de vous. Ce podcast en est à ses débuts, et on est avides de vos retours, n’hésitez pas à nous envoyer un mail sur contact@atesamours.fr et on se fera un plaisir de vous répondre. Vous pouvez trouver le transcript et les sources de cet épisode sur notre site atesamours.fr. À bientôt pour le prochain épisode !