Adèle Bienvenue dans « À tes amours », le podcast qui propose une autre manière d’aborder les relations. Nous sommes Adèle,
Alexia Alexia
Sacha et Sacha,
Adèle et nous allons vous parler notamment d’émotions, de communication, de polyamour et d’autres formes de non-monogamie. Ce podcast s’adresse à toute personne s’interrogeant sur les relations.
Alexia Bienvenue dans ce premier épisode de notre podcast À tes amours. Il s’inscrit dans une série de quelques épisodes qu’on appelle « les notions ». Dans cette série, on va aborder les notions de base concernant les relations non-monogames
Adèle Dans ce premier épisode, on va tenter de définir et d’expliquer ce qu’est le polyamour. On en entend de plus en plus parler, notamment dans les médias, qui vont souvent le présenter de manière approximative. Et c’est vrai que ça peut représenter des réalités assez différentes pour les personnes qui se définissent polyamoureuses : ça recouvre des modèles de relations assez variables. Pour cette raison, on va proposer une définition la plus universelle et inclusive possible.
Sacha Si vous vous demandez « qu’est-ce que c’est le polyamour ? », on espère que cet épisode vous apportera une réponse. On va aussi parler des idées reçues sur le polyamour et essayer de démêler le vrai du faux dedans.
Alexia Alors c’est parti, parlons de polyamour. Le mot polyamour est une traduction du mot anglais polyamory. Il est formé du préfixe grec poly, qui veut dire plusieurs, et du latin amor, qui veut dire amour. Littéralement, le mot veut donc dire plusieurs amours, et évoque le fait d’avoir plusieurs relations amoureuses. Voici comment le Larousse en ligne définit le polyamour. Il dit que c’est le « fait de vivre une relation intime (amoureuse et/ou sexuelle) durable avec plusieurs partenaires en parallèle, de manière consensuelle, franche et assumée. »
Adèle Prenons les concepts de cette définition un par un. On parle donc de relations intimes. C’est intéressant d’avoir choisi d’utiliser le terme « intime » avant de préciser qu’on entend par là d’amour et/ou de sexe. Ça met en avant que dans le polyamour, une relation n’est pas forcément amoureuse, ou pas forcément sexuelle. Pour nous, l’intimité ne se résume d’ailleurs pas à un choix ou un cumul entre amour et sexe. Le terme d’intimité peut désigner différents types de connexions fortes, qui peuvent d’ailleurs parfois être floues ou ambiguës, entre amitié et amour. Parler d’intime et garder ce flou permet de mieux coller à la réalité et au vécu de beaucoup de personnes polyamoureuses. Par exemple, si on a un ou une ami·e très proche, qu’on aime beaucoup et éventuellement avec qui on peut être tactile et faire des câlins, est-ce que c’est une relation au sens d’une relation polyamoureuse ? Il n’y a pas de réponse tranchée : ça peut être ambigu. Et finalement, ce n’est peut-être pas important de trancher.
Sacha Une petite remarque : la définition du polyamour dans le dictionnaire en ligne Le Robert n’utilise pas l’expression « relation intime » mais « relation amoureuse ». Bien que certaines personnes considèrent que des relations non amoureuses (par exemple uniquement sexuelles) peuvent être incluses dans le polyamour, d’autres soutiennent que l’amour doit être présent dans toutes les relations polyamoureuses. C’est peut-être parce que le mot français polyamour contient le mot « amour ». C’est moins le cas dans le mot original anglais « polyamory » que certaines personnes préfèrent alors traduire par « polyamorie ».
Alexia Continuons à décortiquer la définition du Larousse, qui pour rappel, dit que le polyamour est le « fait de vivre une relation intime […] durable, avec plusieurs partenaires en parallèle, de manière consensuelle, franche et assumée ». Il y est question de relations durables. Les personnes qui pratiquent le polyamour ont souvent la volonté de construire des relations qui se maintiennent dans le temps. Il n’y a pas de notion de performance ou de volonté à tout prix que les relations durent le plus longtemps possible, mais une acceptation que les attachements peuvent se mettre en place dans le temps, ou une envie de s’impliquer dans la relation pour pouvoir construire quelque chose. Cela nécessite de l’énergie, des efforts de communication.
Adèle Point suivant de la définition : « avec plusieurs partenaires en parallèle ». Ce point-là est assez essentiel : ces relations intimes et durables dont on vient de parler, il est possible de les avoir avec différentes personnes en même temps. Dans une relation polyamoureuse, chaque partenaire est autorisé·e à partager de l’intimité, de la romance et/ou de la sexualité avec plusieurs personnes et à entretenir des relations long terme avec elles. Et c’est là qu’on s’éloigne du concept plus traditionnel de couple monogame, où il n’est permis d’avoir des sentiments et de la sexualité qu’avec sa ou son unique partenaire.
Sacha La définition souligne que ces relations sont en parallèle, car le plus souvent, une personne polyamoureuse entretiendra des relations en même temps avec plusieurs partenaires sans que ces partenaires n’interagissent particulièrement ensemble. Par exemple, si Alex a deux partenaires, Ben et Claire, alors Ben et Claire ne se connaissent même pas forcément. Dans la pratique, Ben et Claire peuvent se parler mais ce n’est pas une obligation. Il existe un mot pour qualifier le lien entre Ben et Claire : on parle de métamours. Les métamours peuvent avoir des interactions plus ou moins développées, parfois une amitié, parfois une simple relation cordiale, ou encore une absence complète de relation. Tout est possible, mais le point important c’est que les métamours n’ont aucune obligation d’interaction particulière. Il arrive aussi que Ben et Claire aient leur propre relation amoureuse, et même une relation de trio peut exister entre Alex, Ben et Claire. Mais cela est rare : c’est plus l’exception que la règle.
Alexia Il est ensuite dit que tout ça est fait « de manière consensuelle, franche et assumée ». Ce point-là est très important et complète le point précédent. Le mot « consensuel » indique que le format, le cadre et les règles de la relation sont discutées et acceptées librement et explicitement par l’ensemble des personnes participantes. Dans le polyamour, les partenaires se mettent donc d’accord en amont sur ce qui est autorisé et ce qui est interdit dans leur relation. Il n’est pas question de forcer la main à ses partenaires, ni de leur imposer quoi que ce soit : toutes les personnes impliquées doivent vraiment être d’accord et même idéalement enthousiastes. Par exemple, il peut être accepté d’avoir des relations sexuelles avec d’autres personnes, mais uniquement si tout le monde s’est au préalable mis d’accord là-dessus.
Adèle Les mots « de manière franche et assumée » soulignent qu’il ne s’agit pas d’une vie parallèle cachée qu’on vit avec quelqu’un d’autre. Les autres partenaires sont au courant et d’accord. Ce n’est pas non plus une relation qu’on subit ni qu’on vit malgré soi.
Sacha Une petite remarque : l’aspect consensuel franc et assumé implique donc de la transparence. Cependant, ça ne veut pas dire que tout doit être dévoilé dans ses moindres détails. Ni à ses autres partenaires : il y a des gens qui souhaitent ne savoir que très peu de choses sur les autres relations de leurs partenaires. Ni au reste du monde : on ne s’expose pas toujours au public non plus. Le polyamour n’étant pas toujours accepté dans notre société, de nombreuses personnes qui le vivent n’en parlent pas à leurs collègues ou à leur famille, ni à tous leurs amis.
Alexia Pour en finir avec cette définition, si on reprend son début, le Larousse dit que le polyamour est le « fait de vivre » une relation avec plusieurs personnes. Selon nous, cette formulation est maladroite parce que pour beaucoup, le polyamour va au-delà d’un simple état de fait, d’une situation à un moment donné. Une personne qui se définit comme polyamoureuse n’arrête pas soudainement de l’être, par exemple, après une rupture où il ne lui reste plus qu’un ou une partenaire. De même qu’une personne qui se considère monogame n’arrête pas de l’être lorsqu’elle est célibataire. Le polyamour, ce n’est pas seulement être dans une situation où on partage de l’intimité avec plusieurs personnes. C’est être susceptible d’être attiré·e par plusieurs relations intimes et s’ouvrir à la possibilité de les vivre, et ne pas se l’interdire.
Adèle On est donc plutôt d’accord avec cette définition du Larousse, mais on a envie de proposer une variante que l’on trouve un peu plus juste. Ça serait : « modèle de relation dans lequel il est accepté de vivre une relation intime durable avec plusieurs partenaires en parallèle, de manière consensuelle, franche et assumée ». Toutes les personnes impliquées savent qu’elles sont dans une structure de relation où chaque partenaire peut avoir plusieurs autres partenaires. Et chaque personne est d’accord pour cela. Le polyamour est un concept assez large dont la définition et l’expérience peuvent varier d’une personne à l’autre. Si une personne vous dit qu’elle est polyamoureuse, vous ne saurez pas exactement comment elle vit ses relations. Pour comprendre exactement quel est son modèle relationnel, vous pouvez lui demander si elle accepte de vous en parler davantage.
Sacha Le mot polyamour est parfois utilisé pour parler d’un concept encore plus général : la non-monogamie. Certaines personnes vont même utiliser les termes polyamour et non-monogamie de façon interchangeable. Dans ce podcast, on va préférer réserver le terme polyamour pour désigner un modèle spécifique parmi plusieurs modèles de relations dites non-monogames. Et on garde à l’esprit qu’il y a d’autres relations non-monogames. Mais du coup, qu’est-ce que c’est la non-monogamie ?
Alexia La non-monogamie, c’est un terme parapluie qui englobe tout un tas de types de relations qui s’éloignent des standards de relations monogames. Une relation monogame se centre autour d’une seule et unique relation amoureuse et sexuelle, « le couple », dans lequel il existe des règles implicites partagées largement dans la société. Par exemple, on n’a pas le droit de coucher avec quelqu’un d’autre. En opposition, la non-monogamie recouvre toutes les formes de relations intimes, affectives, amoureuses et/ou sexuelles, où les partenaires impliqué·e·s consentent librement à partager des expériences intimes avec d’autres personnes. C’est un terme très large, qui peut regrouper par exemple un couple libre, du libertinage ou encore le polyamour. Lorsqu’on parle de non-monogamie, on sous-entend qu’elle est consensuelle, c’est-à-dire que tous les partenaires sont d’accord et au courant. Pour être plus explicite, certaines personnes rajoutent un qualificatif et parlent de non-monogamie éthique ou encore de non-monogamie consensuelle.
Adèle À force de présenter le polyamour à notre entourage, ou de lire ou écouter le traitement médiatique de ce sujet, on s’est aperçu qu’un certain nombre de commentaires et idées préconçues reviennent fréquemment. Les personnes qui entendent parler pour la première fois de polyamour tentent souvent de le rattacher à des concepts déjà connus. Mais leur représentation est souvent peu pertinente. On entend ainsi souvent des gens réagir par « ah mais c’est juste tromper en fait » ou encore « en fait vous voulez juste coucher avec tout le monde » ou bien « ça ne peut pas marcher ce truc, il y a forcément quelqu’un qui va être blessé·e dans l’affaire ». Comme si, au passage, personne n’était blessé·e dans le couple traditionnel. Parlons donc de ces idées reçues.
Sacha Certaines personnes vont dire que le polyamour est juste un joli mot pour légitimer ou permettre l’infidélité. « C’est juste tromper son partenaire ».
Alexia Mais non, le polyamour n’a rien à voir avec la tromperie. Tromper quelqu’un dans une relation monogame, c’est faire quelque chose d’interdit dans cette relation. Comme coucher avec quelqu’un d’autre, sans la connaissance de son ou sa partenaire. Et quand bien même ce partenaire viendrait à être au courant, il ou elle n’y a pas consenti. Dans les relations non monogames, les partenaires se mettent d’accord en amont sur ce qui est interdit, au lieu de suivre les interdits implicites dans une relation. La tromperie, c’est-à-dire le non-respect de ces interdits, peut donc exister dans ce type de relation si jamais une des personnes impliquées sort du cadre défini pour la relation. C’est généralement tout aussi mal vu que dans une relation monogame.
Adèle « Bon mais alors, c’est juste un prétexte pour aller voir ailleurs, ou coucher avec tout le monde ».
Sacha Non, le polyamour n’est pas qu’une affaire de sexe. Bien qu’il est souvent possible dans le cadre des relations polyamoureuses d’avoir d’autres partenaires sexuels, cela ne veut pas dire que le polyamour se résume au sexe. Les gens confondent parfois le polyamour avec le libertinage, mais ce sont deux notions différentes. Les personnes polyamoureuses peuvent développer des sentiments, des attachements durables. Elles ne cherchent pas, à priori, à multiplier les coups d’un soir : il y a une dimension de relation qui peut s’établir dans le temps. Ces relations peuvent d’ailleurs ne pas être sexuelles du tout. Il existe même une sorte de blague dans la communauté polyamoureuse, où on dit qu’avec toutes les discussions qu’il est nécessaire d’avoir pour s’assurer que tout le monde se sente à l’aise, on n’a plus le temps pour de la sexualité. Par ailleurs, lorsqu’une personne parle de polyamour, elle n’est pas en train de raconter sa vie sexuelle. Pas plus que, par exemple, un collègue ne parlerait de sa vie sexuelle lorsqu’il parle de sa femme.
Alexia « Alors c’est un truc pour ne pas se prendre la tête et ne pas s’engager ».
Adèle Toujours pas ! Être polyamoureux, polyamoureuse ne veut pas dire fuir les engagements ni les discussions. Au contraire, en relation polyamoureuse, on est généralement prêt·e à avoir de longues discussions sur tout un tas de sujets. Comme il n’y a pas de modèle implicite à suivre, il est nécessaire de construire un cadre pour la relation, et cela passe par des discussions. Les personnes polyamoureuses souhaitent généralement accorder de l’importance à l’ensemble de leurs partenaires, à prendre en compte leurs vécus, leurs insécurités, leurs envies… Cela prend du temps et c’est donc un engagement, de fait. On peut toutefois déplorer que certaines personnes, par exemple sur des sites de rencontres, se définissent polyamoureuses alors qu’elles ne cherchent pas à construire des relations, mais juste à avoir des rapports sexuels avec plusieurs personnes, sans engagement. C’est parfois une simple incompréhension du concept du polyamour, mais aussi parfois une volonté réelle de nuire et de mentir sur ses véritables intentions. Ces personnes, qui cherchent à fuir toute responsabilité, à se soustraire à tout travail émotionnel et se contentent de faire ce qu’elles veulent sans se soucier des conséquences de leurs actions sur les autres, ne collent pas du tout à l’esprit du polyamour. Le polyamour, ce n’est pas être plus ou moins célibataire et sortir sans engagement avec plein de gens. Ce n’est pas dire « on peut coucher avec qui on veut, je fais ce que je veux, peu importe ce que tu en penses puisque tu étais au courant au départ ». C’est bien s’assurer tout du long de la relation qu’elle convient bien à toutes les personnes présentes. Sinon ce n’est pas vraiment consensuel.
Sacha « Ok ok, mais c’est quand même pas une vraie relation, c’est pas le vrai amour. C’est juste que t’as pas encore rencontré le bon ou la bonne ».
Alexia Ces propos semblent tellement absurdes que c’est difficile d’y répondre. Il faudrait définir amour ou relation, et pour ça bon courage. Mais bon, dans le modèle de couple traditionnel, on s’engage avec une personne pour la vie, on a parfois une croyance spirituelle selon laquelle on a un seul amour avec un grand A, l’élu·e de notre vie. Cette vision se retrouve largement dans les films, les romans, d’amour absolus entre deux personnes, le plus souvent blanches et hétérosexuelles. Si sortir de ça, c’est ne pas être amoureux ou ne pas être en relation, alors ok, les polyamoureux ne le sont pas. Pourtant, on se sent amoureux, même de plusieurs personnes, et on vit ensemble, on se voit souvent, on part en vacances, on rencontre nos familles et on établit des projets de vie. Pour nous, ça veut dire être en relation. Et il n’y a pas à dénigrer une de ces façons de vivre l’amour, l’important c’est de vivre le modèle de relation dans lequel on se sent le mieux.
Adèle « Ah mais c’est de la polygamie en fait ! »
Sacha Ici, c’est un peu plus complexe de répondre parce qu’il faut d’abord définir la polygamie. Dans le dictionnaire, il s’agit du fait d’être marié à plusieurs conjoints. Et si on s’ensuit littéralement à la définition, ça pourrait être proche du polyamour, le mariage en moins : on a bien cette notion de plusieurs conjoints. Mais les mots viennent avec un bagage culturel, et quand on parle de polygamie, on parle généralement de polygynie, c’est-à-dire spécifiquement un homme marié avec plusieurs femmes, qui elles n’ont pas le droit d’avoir d’autres partenaires. Très souvent, le terme polygamie réfère donc à des pratiques bien précises, avec un cadre préconçu et éventuellement un contexte religieux. Bien qu’on puisse considérer ça comme entrant dans la vaste famille des relations non monogames, cela ne peut pas s’y amalgamer, d’autant moins vu les idées reçues qu’on associe à la polygamie. Donc non, le polyamour n’est pas de la polygamie.
Alexia « Mais accoucher avec plein de gens, vous ne risquez pas de choper plein de maladies ? »
Adèle D’abord, rappelons que les personnes polyamoureuses peuvent effectivement avoir plusieurs partenaires sexuels, mais cela se traduit rarement par de folles partouzes avec plein d’inconnu·e·s. Souvent, il y a quelques partenaires réguliers en qui on a confiance. Le polyamour n’est pas un foyer d’infections sexuellement transmissibles. Il est vrai qu’avoir plusieurs partenaires augmente le risque d’exposition à des infections, mais il n’y a statistiquement pas plus de maladies sexuellement transmissibles chez les personnes non monogames. Cela peut s’expliquer notamment par plus de transparence sur le fait d’avoir d’autres partenaires sexuels. Là où il peut y avoir des tromperies cachées, donc des risques, dans certains couples monogames.
Sacha « Bon d’accord, mais alors, c’est un nouveau mot à la mode, c’est juste un truc de jeune, ça va passer. »
Alexia Peut-être que c’est un truc de jeune, peut-être que c’est une phase pour certains ou certaines d’entre nous, un mois à la mode, si on veut. Mais il existe de plus en plus de témoignages de personnes qui vivent de longues années de polyamour, parfois des dizaines d’années, et qui n’ont pas l’air de prévoir de revenir à un modèle monogame. Au final, le fait de se sentir vraiment amoureux de plusieurs personnes est une réalité pour les polyamoureux, et ça semble très méprisant de décrédibiliser ces vécus.
Adèle « Le polyamour, c’est une technique de fuite de son couple quand ça va mal. Mais ça marche pas ».
Sacha Lorsqu’un couple s’ouvre, c’est-à-dire lorsqu’un couple qui était jusqu’ici sexuellement et romantiquement exclusif s’essaye à une forme de non-monogamie, comme par exemple du polyamour, certaines personnes extérieures vont penser que c’est le signe que le couple allait mal. Et puis ensuite extrapoler et penser que le polyamour c’est le modèle des couples ratés, un truc de désespéré·e·s qui ne savent plus comment sauver leur relation ou qui n’osent pas se séparer. Certains couples peuvent effectivement s’ouvrir lorsque ça va mal, mais c’est loin d’être la seule raison. D’autres couples peuvent s’ouvrir par exemple parce que la dynamique du couple veut évoluer ou simplement que les partenaires ne connaissaient même pas la notion du polyamour auparavant. Il n’y a pas de raison de supposer que le polyamour est un second choix envisagé uniquement parce que le reste n’a pas fonctionné. Et dans le cas de couples qui tentent le polyamour dans l’espoir de résoudre certains problèmes, par exemple suite à une tromperie, l’expérience risque d’être particulièrement difficile. Parce qu’on rajoute à une situation difficile des changements et de l’inconnu, ce qui n’est facile pour personne. Donc ça peut bien fonctionner, mais il est bien possible que le couple finisse rapidement par se séparer. Et des gens seront alors promptes à voir en ça la preuve que le polyamour ne fonctionne pas. Mais c’est assez malhonnête : d’une part parce qu’il existait d’autres problèmes, mais aussi parce qu’une rupture n’est pas un signe d’échec de la relation. Elle a pu être très bien le temps qu’elle a duré. Et encore moins un signe d’échec du mode de la relation. Lorsqu’une relation monogame se termine par une rupture, on n’entend pas dire que c’est la faute du modèle monogame.
Alexia « Ok, mais en tout cas, ce n’est pas possible d’élever des enfants dans le polyamour. »
Adèle Certaines personnes se demandent s’il n’est pas dangereux pour un enfant de grandir avec des parents polyamoureux. Or, il est tout à fait possible d’élever des enfants en étant polyamoureux. On l’a vu, les relations polyamoureuses sortent du modèle traditionnel du couple. Or, c’est sur ce noyau dur qu’est généralement pensé le concept de famille nucléaire ainsi que le fait d’avoir et d’élever des enfants. Le cadre légal du droit de la famille en France n’est pas vraiment pensé hors de la famille nucléaire. Cela évolue doucement, avec par exemple la loi de 2013 sur le mariage pour tous. Cette loi, pour rappel, a autorisé les couples homosexuels à se marier, mais a aussi ouvert des droits concernant l’adoption d’enfants. Or, une vive opposition dénonçait alors l’impossibilité dans ce type de modèle d’élever des enfants, prétextant que pour le bon développement d’une famille, il faut une maman et un papa, point. Il est donc très probable qu’envisager les relations polyamoureuses comme un cadre propice à élever des enfants soit compliqué pour beaucoup de personnes. Et pourtant, des études conduites aux États-Unis, notamment par la chercheuse Elisabeth Sheff, montrent qu’il est tout à fait possible de satisfaire au bien-être physique, matériel et émotionnel d’un enfant dans une « famille polyamoureuse ». En pratique, avec les familles recomposées, les enfants combinent déjà souvent avec différents adultes en plus de leurs parents biologiques. Ceux-ci participent et contribuent à leur éducation. Cela ne nuit pas à leur équilibre ni à leur développement, bien au contraire. Et finalement, dans une relation polyamoureuse, ce n’est pas si différent.
Sacha Avec ça, on a fait un peu le tour des remarques les plus fréquentes qu’on peut entendre. Certaines peuvent être surprenantes. Quand des gens soutiennent catégoriquement que les personnes polyamoureuses ont envie de faire du sexe tout le temps avec n’importe qui, d’où est-ce que ça vient ? On pourrait presque croire que c’est un fantasme de leur part, qu’ils aimeraient le faire et ne peuvent pas, ou alors seulement en se cachant honteusement. Ou peut-être que ça vient d’une éducation traditionnelle qui dit que le sexe est diabolique par essence. Une chose est sûre, le polyamour ne correspond à aucune de ces idées reçues.
Alexia Pour conclure cet épisode, on vous rappelle la définition qu’on propose : le polyamour est un « modèle de relation dans lequel il est accepté de vivre une relation intime durable avec plusieurs partenaires en parallèle, de manière consensuelle, franche et assumée ». Ça s’inscrit dans la grande famille de la non-monogamie et c’est différent de la tromperie, de la polygamie ou d’une sexualité sans engagement. C’est un autre modèle de relation tout aussi valide que la monogamie. C’est tout pour notre premier épisode du podcast À tes amours. On espère qu’il vous a permis de mieux cerner ce qu’était le polyamour, même si on sait que c’est un peu dense et qu’il y a beaucoup de choses à creuser et à éclaircir. C’est pourquoi on espère enregistrer beaucoup d’autres épisodes ! Merci d’avoir écouté cet épisode jusqu’au bout. S’il vous a plu, n’hésitez pas à en parler autour de vous. Ce podcast en est à ses débuts, et on est avides de vos retours, n’hésitez pas à nous envoyer un mail sur contact@atesamours.fr et on se fera un plaisir de vous répondre. Vous pouvez trouver le transcript et les sources de cet épisode sur notre site atesamours.fr. À bientôt pour le prochain épisode !